Tour Eiffel, Paris, par Barbara Redmond

Barbara Redmond

(English) On dit que Catherine Deneuve fait son shopping à Sabbia Rosa.

Cette année-là, j’avais décidé de fêter mon anniversaire à Paris avec mes deux filles. Chacune avait invité une amie. Je savais donc qu’elles seraient occupées à se balader dans Paris toute la journée et que j’aurais le temps de me rendre à la petite boutique de Sabbia Rosa, rue des Saints-Pères, un vrai paradis pour les amatrices de lingerie fine et de soutiens-gorge en dentelle. Pour moi, la lingerie française est la plus belle et la plus féminine de toutes les lingeries. Mystérieuse et aguichante, elle est confectionnée dans les meilleurs tissus, par la fine fleur des artisans et avec le meilleur goût.

Avec les filles, nous avions loué un appartement rue du Bac, à seulement six pâtés de maison de la boutique. Là, dans une ruelle de la Rive gauche, entre le boulevard Saint-Germain et la rue de Grenelle, je me suis retrouvée face à la pancarte ovale que je recherchais, avec le logo italique reconnaissable de Sabbia Rosa écrit en blanc sur fond vert, suspendue dans un cadre en fer forgé.

Sabbia Rosa

La cloche à l’entrée annonça mon arrivée aux vendeuses. Alors  que j’entrais, je découvris à ma gauche le comptoir en verre et en face de moi les cabines d’essayage aux rideaux en velours vert. A ma droite, il y avait un canapé où un Japonais attendait patiemment une femme qui se changeait dans l’une des cabines.

Après l’échange de politesses habituel, la vendeuse m’a conduite dans une cabine à l’arrière du magasin, en face de celle qui était occupée, et m’a demandé de me déshabiller. Cela m’a rappelé mon tout premier soutien-gorge. Accompagnée de maman et grand-mère, je me revois encore chez Dayton’s (grand magasin américain), attendant qu’une vendeuse prenne mes mesures. Elle nous avait conduites dans une cabine et avait refermé la porte. Dans un geste rapide, elle s’était alors emparée d’un mètre noir et blanc enroulé autour de son cou et avait entrepris de prendre mes mesures. J’étais terrifiée. Sans un regard, elle avait alors annoncé le chiffre et la forme correspondants. J’étais restée immobile, les épaules en arrière, le ventre rentré, droite comme un piquet dans mon chemisier et ma jupe.

Des années plus tard, je me retrouvais dans la même situation. J’étais en sous-vêtements devant une Française, les épaules en arrière et le ventre rentré.

Il y avait plusieurs soutiens-gorge et culottes présentés dans la vitrine et dans le comptoir en verre. Des négligés en soie et des caracos étaient alignés dans des alcôves en bois. C’était tout. Il n’y avait rien à toucher, pas de portant avec des sous-vêtements dessus. Tout était derrière le comptoir en verre. La vendeuse entra dans la cabine et l’essayage de soutiens-gorge commença avec six ou sept styles, couleurs et tissus différents. Je n’avais pas mon mot à dire. La vendeuse sortit et revînt avec trois parures. Elle m’en montra une puis me dit en français : « Non, Madame, ce n’est pas la bonne couleur pour vous ».

J’ai un teint de porcelaine. J’ai tenté d’expliquer à la vendeuse, dans mon meilleur français, que je trouvais cette couleur très belle et qu’elle irait parfaitement avec la couleur de ma peau et celle de mes yeux. Elle sortit et revînt avec deux parures différentes. J’essayai la première.

« Très bien » murmura-t-elle. La vendeuse avait choisi un bonnet plus grand et un tour de poitrine plus petit que ce que je porte habituellement. Elle raccourcit les bretelles et annonça triomphalement  « Voilà ! »

Avec ce soutien-gorge je n’étais pas avachie, parce qu’il est tout simplement impossible d’être avachie avec un tel soutien-gorge. Mon ventre semblait d’un coup plus plat et, même sans vêtement, ma silhouette avait pris dix ans de moins. La couleur était parfaite. La parure était en tulle rose pâle, doux et brillant, avec de la soie encore plus pâle au niveau des bonnets. De petites rosettes étaient brodées à la main ainsi qu’un noeud français pour attacher les bretelles à la tulle. Jolie lingerie.

La vendeuse ouvrit une boîte et me montra deux culottes assorties au soutien-gorge. Un tanga, une petite culotte entre le string et le bikini, et un string. Le tanga avait un petit détail au creux des reins. De la taille d’une amande, ce détail était bordé de soie rose pâle avec une rosette cousue main ainsi qu’un noeud français. La vendeuse dit qu’il est important d’acheter deux culottes assorties pour chaque soutien-gorge. Je lui ai alors demandé le prix du soutien-gorge. Son prix était de cinquante dollars américains, plus que ce que je pensais. Dans un français que je voulais le plus poli possible, j’ai alors dit que je ne pourrai pas l’acheter. Elle haussa les épaules poliment, rangea les culottes dans la boîte et referma le couvercle. Le soutien-gorge était froid au contact de ma peau. La vendeuse le détacha et le rangea. Je me suis rhabillée.

J’ai ouvert les rideaux et je suis sortie de la cabine d’essayage. Alors que je me dirigeais vers le devant de la boutique, la moquette sous mes pieds étaient rugueuse. J’ai regardé les chemises de nuit en soie suspendues dans les alcôves, puis me suis tournée vers la vendeuse qui se tenait derrière le comptoir en verre.

« Au revoir, Madame » j’ai dit, « merci beaucoup ».

« Au revoir, Madame » elle a répondu.

Aubade, Chantelle et Christian Dior

Pendant notre séjour à Paris, j’ai acheté trois soutiens-gorge et deux culottes assorties pour chacun, chaque parure venait d’une boutique différente. Après mon dernier achat, j’ai disposé les parures sur mon lit pour que les filles puissent voir dès leur retour de leur promenade à Paris avec leurs amies.

« Maman, elles sont magnifiques !» Chacune à leur tour, les filles regardaient chaque article à la lumière et faisaient glisser le tissus entre leurs doigts. Conçu en France. Aubade : en tulle couleur café au lait cousue main avec de la dentelle nacrée. La parure était à côté de son magnifique étui en soie qui fermait avec un noeud en soie. Chantelle : en soie couleur crème, avec de la dentelle et orné de roses et de vignes brodées entrelacées avec du fil de soie couleur pêche. Christian Dior : imprimé léopard noir et kaki bordé en soie noir, conçu pour la marché français et presque cent pour cent soie (contrairement à la lingerie Dior vendue dans les grands magasins aux Etats Unis) avec la marque célèbre de Dior entre les bonnets.

Dans l’avion qui nous ramenait aux Etats-Unis, j’ai repensé à Sabbia Rosa. Quand tout d’un coup, une pensée m’a traversé l’esprit : la seule chose qui me séparait de Catherine Deneuve était donc seulement 50 dollars ? C’était il y a dix ans. Le franc français équivalait à 70 centimes de dollar américain. Il y a des moments où l’on regrette d’avoir son côté économe…

Remerciements : Nous remercions les personnes qui ont contribué à cet article : Elyse Rozina Rédactrice en Chef de Traduction à A Woman’s Paris, étudiante du Français et de l’Italien à L’Université de Minnesota Twin Cities, Suzy Keller, traductrice à A Woman’s Paris, diplômée de l’ITI-RI

Vocabulaire sur la lingerie Français – Anglais

Soutien-gorge : Bra.
Bretelles : Straps.
Caraco : Camisole, a sleeveless undergarment for women usually made of satin, nylon or cotton.
Chemise de nuit : Nightgown.
Corset : Corset.
Culotte : Panty.
Dentelle : Lace.
Doux : Soft.
Bustier : Bustier.
Léger : Light.
Négligé : Literally meaning neglected.
Peignoirs : Ankle-length gowns.
Porte-jarretelle : Garter.
Soie : Silk.
Sous-Vétements : Underwear.
String : Tong, a string bikini.
Taille : Size.
Guêpière : Short corselette, covering the chest to the waistline.
Tulle : Thin, fine machine-made netting of acetate, nylon, rayon, or silk.
Voilà : Here are. Here is. Behold.
Voile : Mesh-like fabric.

A Woman’s Paris® recommande des boutiques de lingerie à Paris

Anita Oggioni
30, rue de Grenelle 75007, Paris (0)1 45 49 27 61

Aubade
33, rue Francs Bourgeois 75004, Paris (0)1 42 76 96 87

Au Printemps
64, boulevard Haussmann 75009, Paris (0)1 42 82 50 50

Cadolle Boutique
4 rue Cambon 75001, Paris (0)1 42 60 94 22 75001

Cadolle Couture
255 rue Saint-Honorè 75001, Paris (0)1 42 60 94 94 By appointment.

Chantal Thomass
221, rue Saint-Honoré 75001, Paris (0)1 42 60 40 56

Christian Dior
30, avenue Montaigne, Paris 75008 (0)1 47 20 00 60

Eres Paris
40, avenue Montaigne, Paris 75008 (0)1 47 23 07 26

Fanny Liautard
13 rue Saint-Florentin 75008, Paris (0)1 42 86 82 84

Galeries Lafayette
40, boulevard Haussmann 75009, Paris  (0)1 42 82 34 56

Huit
34, avenue Mozart 75016, Paris (Glamour Lingerie)

La Perla
5, rue Montorgueil 75001, Paris (0)1 40 1 94 53

Princess Tam-Tam
23, rue de Grenelle 75007, Paris (0)1 45 49 28 73  Several locations.

Sabbia Rosa
71-73, rue des Saints-Pères 75006, Paris (0)1 45 48 88 37

LIVRES : A Woman’s Paris recommande : 

A l’ombre de moi-mene
Par Catherine Deneuve. French, (2004) Éditions Stock

Close up and Personal: The Private Diaries of Catherine Deneuve.
Par Catherine Deneuve. Pegasus; édition (December 2008)

Barbara Redmond 708x955 Paris #2Barbara Redmondéditeur de « A Woman’s Paris » (AWP), est une francophile qui se rend à Paris aussi souvent que possible. Ses articles sur Paris et la France sont reproduits, avec sa permission, par d’autres blogs et publications. Barbara a donné des conférences sur la mode française et la gastronomie et aide les étudiants qui veulent étudier à l’étranger. Elle fait partie du comité consultatif à l’Université de Minnesota, à la Faculté de Design. Barbara est une conseillère active pour les étudiants. Les talents artistiques de Barbara sont reconnus par de nombreuses organisations nationales et internationales. Ses peintures sont présentées lors d’expositions en Europe et en Amérique du Nord et sont disponibles à l’achat ici.

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Les ballerines à Paris… Et Dieu créa Repetto, par Barbara Redmond qui partage avec nous son experience des ballerines achetées dans une boutique parisienne : un style félin naturel des pieds à la tête. Une simple paire de chaussure qui transforme littéralement son look. Vous y trouverez également la video “Pas de Deux Coda,” Opening Ceremony et “Repetto,” Repetto, Paris. (English)

Foulards à la française : le lanuage des femmes élégantes by Barbara Redmond who shares her experience trying on scarves and tying them at the home of her French friend in Lyon. Arriving at the famous silk manufacture in Lyon, André Claude Canova, Barbara and her friend gently tapped on the window even though the shop was closed.  The shop girl let them and they all enjoyed hours of playfully draping, twisting and knotting scarves and shawls. An experience spurred by the ubiquitous nature of women and scarves: our common language. (English)

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